Le vendredi 30 juin a eu lieu l’inauguration de la nouvelle pisciculture de Moûtiers, qui permettra à terme de préserver la richesse piscicole de la Tarentaise.
Préambule
Dans la plupart des cours d’eau savoyards, les populations de truites commune (truites fario) sont essentiellement de souche atlantique, souche introduite dans notre département au cours du siècle dernier. Ces truites ont entrainé un mélange des populations d’ores et déjà en place, et ont appauvris génétiquement les souches autochtones, dites souches méditerranéennes, qui au fil du temps s’étaient adaptées parfaitement au milieu dans lequel elles vivaient.
Des truites autochtones à protéger
Depuis 2002, la Fédération de Savoie pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique (FSPPMA) et les Associations Agréées pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique (AAPPMA) se sont donc engagées dans un programme d’identification des populations de truite commune.
En 2004, les premiers éléments de diagnostic mettent en évidence la présence d’un patrimoine génétique méditerranéen sur l’Isère à l’aval de la retenue d’Aigueblanche.
En 2008, un programme de conservation de la truite méditerranéenne est donc mis en place pour sauvegarder et renforcer la souche locale. Un des outils de ce plan de conservation est la mise en œuvre, par l’AAPPMA de Moûtiers avec le soutien de la Fédération, de la méthode « supportive breeding » qui consiste à :
L’écloserie dont disposait l’AAPPMA était inadaptée pour permettre de mener à bien ce programme. C’est pourquoi il a été décidé de chercher un autre site et de développer une structure plus conséquente.
La mise en place de la structure aquacole dans le cadre du programme départemental de réhabilitation et de conservation de la souche autochtone de la truite commune
« Le but de la pisciculture est de produire des « géniteurs captifs » », témoigne Jean-François PLOCHBERGER-PERRUS, Président de l’AAPPMA de Moûtiers. « Elle permettra de faire grandir des alevins jusqu’à ce qu’ils puissent être en mesure de se reproduire, pour ne plus avoir à aller régulièrement les capturer dans les rivières et ainsi limiter les interventions sur ces dernières. » Des captures exceptionnelles auront cependant lieu afin d’enrichir les stocks de géniteurs, et ainsi d’éviter la domestication des alevins produits au fil des générations.
« Ce programme vient s’inscrire au sein du Plan Départemental pour la Protection des milieux aquatiques et la Gestion des peuplements piscicoles. », explique Manuel VALLAT, Directeur de la Fédération. « Cette démarche initie une nouvelle manière de travailler entre les AAPPMA du bassin versant, rassemblées au sein de l’association Tarentaise Isère Doron (TID), dont l’objectif est de mettre en place une gestion cohérente des milieux aquatiques sur l’Isère en Tarentaise et ses affluents. A terme, le but est de sauvegarder les populations de fario de souche méditerranéenne sur ce bassin versant et d’augmenter leur linéaire de répartition. »
A noter que la Savoie comporte 12 zones de conservation prioritaires de souche méditerranéenne, dont la majorité se situe sur le bassin de l’Isère et en Tarentaise.
La construction de la pisciculture
L’AAPPMA de Moûtiers a porté le projet de la structure aquacole en tant que maître d’ouvrage, dans le cadre d’une convention de partenariat.
« Nous avons bénéficié d’une aide technique et financière provenant de l’AAPPMA d’Albertville, du Conseil Départemental de la Savoie, d’EDF, de la Fédération de Savoie pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, de la Fédération Nationale pour la Pêche en France et d’autres entreprises. », explique J-F PLOCHBERGER-PERRUS. « Des entreprises locales se sont aussi jointes à ce projet en nous donnant du matériel et en nous aidant lors des travaux. Tout le reste a été fait par les bénévoles ! »
Le premier objectif de la pisciculture sera de produire 50 000 alevins. Les premiers alevins ont été introduits dans les bassins ce vendredi, sous l’œil ébahi d’une cinquantaine d’invités qui étaient venus pour assister à l’inauguration de cette structure, qui permettra à terme de préserver le patrimoine piscicole de la Tarentaise.