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Face aux défis croissants posés par le changement climatique, les rivières et leurs écosystèmes aquatiques subissent des pressions de plus en plus fortes. Parmi les espèces les plus sensibles à ces changements, les salmonidés, comme la truite commune, sont particulièrement vulnérables aux augmentations de température de l'eau.
Sous l'impulsion des Parcs Naturels Régionaux (PNR) du massif des Bauges et de Chartreuse, les collectivités piscicoles (AAPPMA et FDPPMA) se sont associées, tant sur le plan technique que financier, à l'étude intitulée « Le rôle de la trame turquoise dans la sauvegarde et la restauration des refuges thermiques pour les salmonidés - Programme conjoint sur le Guiers et le Chéran ».
Cette étude avait pour objectifs :
Un refuge thermique est une zone où la température de l'eau est significativement plus fraîche que celle du cours d'eau environnant. Ces zones permettent aux poissons, notamment aux salmonidés, d'échapper temporairement au stress physiologique causé par des températures élevées. Les refuges thermiques peuvent être naturels, comme les résurgences d'eau souterraine, les affluents froids ou les zones ombragées, ou artificiels, comme les rejets d'eau froide provenant de captages ou de piscicultures.
Ces refuges sont essentiels car ils offrent aux poissons des conditions de vie plus favorables pendant les périodes critiques, notamment en été lorsque les températures de l'eau peuvent atteindre des niveaux létaux pour les salmonidés (au-dessus de 25°C). La préservation et la restauration de ces refuges sont donc des enjeux majeurs pour maintenir des populations de truites et d'ombres viables dans nos rivières.
Dans le cadre du programme Guiers-Chéran, des campagnes de télédétection infrarouge aérienne (IRT-a) ont été menées. Cette technologie permet de mesurer avec précision les températures de surface de l'eau sur de longues portions de rivière, en utilisant des capteurs thermiques embarqués sur des ULM ou des hélicoptères.
Les données recueillies sont ensuite analysées pour identifier les zones où l'eau est plus froide que le reste du cours d'eau, mais également les anomalies thermiques chaudes.
Au terme de l’étude, des propositions d’actions ont été mise en avant pour préserver et restaurer les refuges thermiques :
La connaissance des refuges thermiques est un atout majeur. Grâce à cette méthode, les gestionnaires peuvent désormais localiser les refuges thermiques existants et utiliser ces données pour prioriser les actions de restauration et de protection des habitats.
Par exemple, dans le cadre du futur contrat rivière, le SIAGA (Syndicat Interdépartemental d'Aménagement du Guiers et ses Affluents) va engager des chantiers de reboisement et/ou de densification de la ripisylve afin de limiter l'échauffement de certains secteurs.
Anomalies thermiques chaudes : Onze zones d’échauffement important, ayant chacune un effet significatif sur le linéaire, ont été recensées. A ces zones, s’ajoutent 5 échauffements ayant des impacts plus locaux mais non négligeables car ils provoquent une augmentation significative de la température médiane de l’eau (autour d’1°C) sur des linéaires courts (200 à 300 mètres).
Poches froides : Neuf principales zones de refroidissement de la température médiane de la rivière avec un effet significatif sur le linéaire ont été identifiées sur le profil thermique longitudinal, trois sur le Guiers Vif, deux sur le Guiers Mort et quatre sur le Guiers.
Anomalies thermiques chaudes : Le profil des températures médianes permet de déceler quatre principales zones d’échauffement, ayant chacune un effet significatif sur un linéaire de rivière plus ou moins long. Trois d’entre elles concernent des élévations importantes mais progressives de température sur des linéaires de plusieurs kilomètres. On note également un échauffement ponctuel et important au niveau du remous hydraulique du seuil de Banges.
Poches froides : Cinq principales zones de refroidissement ou de stabilisation de la température médiane de la rivière ont été identifiées sur le profil thermique longitudinal. Au sein de ces zones, six tronçons plus courts présentent des baisses de températures significatives.
Maitrise D’ouvrage : PNR du massif des Bauges et de Chartreuse
Bureau d'étude : SCIMABIO
Partenaires financiers : l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, la Région, les Structures Agréées de la Pêche de Loisir (Fédération de Pêche de Savoie, Fédération de Pêche de l’Isère, FNPF, AAPPMA du Haut Chéran, AAPPMA Albanais, Réciprocité Guiers, AAPPMA St Genix sur Guiers, AAPPMA de Pont de Beauvoisin, AAPPMA La gaule du Guiers, AAPPMA Les pêcheurs du Haut Guiers, AAPPMA St Pierre d’Entremont Isère,).