
Chaque année, l’Arve transporte près de 700 000 m³ de sédiments, dont la moitié se dépose dans la retenue du barrage de Verbois, en Suisse. Cette accumulation augmente le risque d’inondation à Genève, notamment à la Jonction entre le Rhône et l’Arve lors de crues.
Depuis 2016, des opérations concertées entre les gestionnaires et les autorités suisses et françaises sont menées pour activer le transit sédimentaire, dans le cadre d’un programme autorisé jusqu’en 2026 :
Opérations d’accompagnement des crues de l’Arve : les SIG ouvrent les vannes du barrage lors de crues pour favoriser un transport régulier des sédiments.
Abaissements partiels de Verbois (APAVER) : tous les 3 à 4 ans, la retenue est abaissée pour permettre l’évacuation d’un volume important de sédiments (jusqu’à 1,5 million de m³) vers la mer Méditerranée. Cette opération, coordonnée avec les barrages de Chancy-Pougny, Génissiat et jusqu’à Sault-Brénaz, permet d’augmenter la vitesse du Rhône et favoriser le transit sédimentaire.
En 2025, elle se tiendra du 15 au 27 mai, et au plus tard jusqu’au 6 juin en cas de report météo. Ce calendrier printanier est choisi pour ses conditions de débit et de température favorables.
Dragages ponctuels des retenues : lorsque nécessaire, des interventions mécaniques sont menées pour retirer les sédiments, notamment pour garantir la sûreté des ouvrages. Toutefois, cette option est limitée à cause de son coût et du manque de débouchés pour les matériaux extraits.
À la demande des autorités françaises et suisses, les exploitants ont réalisé une étude d’impact environnemental, approuvée après enquête publique en 2016, intégrant des mesures de protection des milieux naturels et des espèces protégées.
En France, la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes, sous l’autorité du préfet, encadre réglementairement les opérations. L’une des priorités est de maîtriser les taux de matières en suspension (MES) :
Limites fixées par protocole :
15 g/l pendant 30 min maximum,
10 g/l pendant 6 h maximum,
5 g/l en moyenne sur toute la durée de l’opération (équivalent à une cuillère à café par litre d’eau).
Pour cela, la CNR effectue une surveillance 24h/24 sur l’ensemble du Haut-Rhône via un réseau de prélèvements et mesures automatisées. Selon les résultats, les débits du barrage de Génissiat sont ajustés pour réguler la turbidité avec l’injection d’eau claire.
Enfin, la qualité de l’eau fait l’objet d’un suivi approfondi en collaboration avec l’INRAE et l’ENTPE, notamment pour évaluer la présence de microplastiques dans les sédiments et surveiller des paramètres comme le pH, la température, l’oxygène, les bactéries, ou encore les composés toxiques.
Des mesures spécifiques sont mises en place pour protéger la faune piscicole du Rhône :
Des pêches de sauvetage sont organisées avant et pendant l’abaissement partiel du fleuve.
Le SIG aménage des zones refuge pour permettre aux poissons de s’abriter durant les opérations.
La CNR a établi des conventions de partenariat avec les fédérations de pêche de la Savoie et de l’Isère pour renforcer la coordination.
Un suivi en continu (24h/24) est assuré pour mesurer la turbidité de l’eau (matières en suspension), évaluer la qualité de l’eau, les débits et détecter d’éventuels impacts sur les zones sensibles.
Des surveillances spécifiques sont également mises en place :
Contrôle du niveau d’eau et des sédiments sur quatre secteurs piscicoles sensibles (Annaz, Lades, Dorche, Vézéronce) avant et après les opérations,
Surveillance visuelle et par drone de la retenue de Sault-Brénaz (incluant la lône de Saint-Vérand),
Fermeture temporaire de la passe à poissons de Sault-Brénaz durant APAVER 2025.
Pour limiter les impacts des opérations APAVER sur la biodiversité, une batterie de mesures est mise en œuvre. Elles visent à évaluer, réduire et compenser les effets sur la flore aquatique et hélophytique, les oiseaux et les mammifères, comme le castor d’Europe. Ces actions comprennent notamment :
Des recensements d’espèces,
Des suivis terrestres ou aériens,
Des plantations de roselières pour restaurer les habitats.
Les bras naturels du Rhône, appelés Vieux Rhône, situés sur les secteurs de Chautagne, Belley et Brégnier-Cordon, ont bénéficié d’importants travaux de restauration hydraulique et écologique. Pour protéger ces zones riches en biodiversité durant les opérations APAVER, une gestion spécifique des débits est mise en place :
Vieux Rhône de Chautagne : consignation si la turbidité dépasse 1,2 g/l pendant 2 heures.
Vieux Rhône de Belley : entièrement consigné durant les opérations, car alimenté par l’eau claire du lac du Bourget (débit minimum via le canal de Savières : 20 m³/s).
Vieux Rhône de Brégnier-Cordon : débit réservé de 65 m³/s, consignation si la turbidité dépasse 2 g/l pendant 1 heure. En cas de crue, le débit peut être porté jusqu’à 115 m³/s avec accord du comité franco-suisse.
Des barrages filtrants temporaires sont également installés à l’entrée de certaines lônes pour limiter l’impact des matières en suspension.
À l’issue de chaque opération d’abaissement, et au plus tard un an après sa fin, un bilan complet est réalisé par le concessionnaire. Ce document est transmis aux services de contrôle et permet de :
Synthétiser les impacts observés pendant l’opération,
Évaluer l’efficacité des mesures d’évitement, d’atténuation, de compensation et de suivi,
Ajuster ou abandonner certaines actions si nécessaire pour améliorer la gestion des impacts à venir.
Pour mener à bien cette opération, plus de 300 personnes issues de la CNR, des SIG et de la SFMCP sont mobilisées sur le terrain pendant une douzaine de jours. Leur mission couvre le pilotage, la maintenance, l’astreinte, ainsi que les opérations de mesure et de suivi sur l’ensemble du Haut Rhône.
Ces actions sont menées en collaboration avec les autorités françaises et suisses, les acteurs de la pêche (fédérations, AAPPMA, pêcheurs professionnels), et divers partenaires techniques et scientifiques : Observatoire des Sédiments du Rhône, bureaux d’études naturalistes, associations environnementales…
En France, un Comité Décisionnel Environnemental, composé de représentants de la CNR, du CNRS et des Fédérations de pêche (Savoie et Isère pour l’opération de 2025), intervient quotidiennement pour superviser les opérations et décider d’éventuelles mesures d’urgence si nécessaire.
Durant l'opération des APAVER, le Rhône va temporairement changer d’aspect : l’eau pourra apparaître plus trouble, avec une teinte allant du marron au gris, et une odeur inhabituelle pourra se dégager par endroits. Ces phénomènes sont normaux et le fleuve retrouvera son aspect habituel après l’opération.
Des restrictions d’activités sont mises en place durant cette période, conformément aux arrêtés en vigueur :
Navigation, baignade, pêche et activités sportives sont interdites sur certains tronçons du Rhône, de la frontière suisse jusqu’à Sault-Brénaz.
Accès interdit aux zones exondées pendant les abaissements : seules les autorités compétentes, les services de sécurité, le concessionnaire et ses prestataires y sont autorisés.
Pêche interdite sur plusieurs sections des vieux-Rhône (Chautagne, Belley, Brégnier-Cordon). Seules les pêches de sauvegarde réalisées par les acteurs habilités sont autorisées.
Pour suivre l’état du Rhône en temps réel, consultez :
🔗 Carte Info Rhône – CNR
🔗 Vigicrues – Station de suivi
Depuis 2012, la Fédération de Savoie pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique (FSPPMA) participe activement aux opérations APAVER menées sur le Haut Rhône, un fleuve profondément modifié depuis le 20ᵉ siècle par des aménagements hydroélectriques et nucléaires. En collaboration avec les services de l’État et les concessionnaires, la FSPPMA veille à intégrer les enjeux piscicoles dans les démarches de gestion sédimentaire, afin d’éviter, réduire ou compenser les impacts sur les milieux aquatiques.
Cette implication conforte la légitimité de la Fédération en tant qu’acteur majeur de la protection des milieux aquatiques, distinguant les structures agréées de pêche de loisir des simples usagers. Elle se positionne comme une force de proposition constructive au sein du réseau des acteurs de l’eau.
Les pêcheurs membres des AAPPMA sont encouragés à participer à la surveillance du Rhône pendant les opérations APAVER. Pour en savoir plus ou s’impliquer, ils peuvent contacter la FSPPMA à l’adresse suivante : fsppma@savoiepeche.com.
La CNR propose un remboursement des frais dans la limite de 50 € par jour et par personne.
🔗 En savoir plus sur la gestion sédimentaire du Haut Rhône
🔗 Consulter la FAQ APAVER