La Savoie gère les baux de deux lots sur le Rhône : les lots A11 (Yenne) et B3 (Saint-Genix-sur-Guiers).
Le Rhône à Yenne : une grande diversité d’habitats qui abrite une faune riche
Les résultats officiels des pêches électriques qui ont été réalisées par l’Unité Mixte de Recherche CNRS 5023-Université Lyon1 cet automne 2017 sur le Rhône ne sont pas encore parus, et feront l’objet d’un article plus précis par la suite. Toutefois, la première conclusion qu’il est possible d’en tirer est que les populations piscicoles du Rhône se portent bien sur les secteurs savoyards.
« Le Vieux Rhône de Yenne est probablement le plus joli secteur du Rhône », déclare Jean-Michel Olivier, ingénieur de recherche CNRS, qui a coordonné l’ensemble des pêches scientifiques. « On y trouve l’ensemble des cyprinidés rhéophiles, des populations de truites et d’ombre commun qui se maintiennent, toutes classes de tailles sont généralement échantillonnées, et ce grâce à la grande diversité d’habitats présente dans ce secteur.»
Ces propos sont confirmés par Jean-Marc Giraud, Président de l’AAPPMA de Yenne : « Les pêches électriques ont montré la présence de goujons en quantités phénoménales au niveau du camping de Yenne. Le goujon se développe bien depuis quelques années. C’est une bonne chose car il témoigne de la qualité des eaux. Les populations de poissons blancs n’ont jamais été en aussi bonne santé grâce à l’amélioration des conditions de chasses du Rhône : depuis 2012, grâce à la CNR, le Vieux Rhône est fermé pendant les chasses et est alimenté par les eaux du Bourget via le canal de Savière. C’est pour cela que les populations de poissons sont préservées et que cette année le poisson blanc explose ! (ndlr : les dernières chasses ont eu lieu en 2016 et les prochaines auront lieu en 2019 ou 2020, selon le niveau de remplissage de la retenue du Verbois.) Il y a eu aussi des reconstructions et réhabilitations de lônes pour aider à la reproduction des brochets. D’ailleurs, celle-ci s’est visiblement bien passée car beaucoup de petits brochetons ont été trouvés, d’avantage que l’année dernière à la même époque.»
Des étés trop longs et chauds pour les salmonidés, et un développement important du silure
« Les configurations hydrologiques et thermiques de ces dernières années ont été défavorables pour les salmonidés », constate cependant Jean-Michel Olivier. « En effet, les derniers étés ont été particulièrement longs et chauds : les salmonidés sont présents, mais pas en grandes quantités.»
Le silure, lui, se développe de façon significative, notamment sur les secteurs de Chautagne, de Yenne et dans le vieux-Rhône de Brégnier-Cordon. L’espèce se reproduit bien car on y trouve des juvéniles mais aussi des individus de grande taille, ce qui montre qu’il s’est bien implanté.
Mais cette expansion n’est pas sans conséquences pour les autres espèces. « En termes de gestion, conclue-t-il, il apparait difficile de promouvoir la restauration écologique du Rhône en privilégiant les cyprinidés rhéophiles et les salmonidés tout en introduisant le silure...».
Le Rhône à St-Genix : une belle population piscicole malgré des habitats moins favorables
« Pour ce qui est du secteur de Saint-Genix-sur-Guiers, explique le chercheur, il dispose d’une faune aussi riche que sur le secteur de Yenne mais d’une diversité d’habitats plus faible. Il y a des digues transversales qui cassent le courant et de nombreux endiguements qui sont gênants pour le développement des poissons. La lône Vachon, par exemple, devrait abriter d’avantage de poissons, mais les effectifs échantillonnés y restent faibles. Par contre, on y trouve de l’ombre et sa présence est peut-être renforcée grâce à la liaison du Rhône avec le Guiers dans lequel il se reproduit. C’est un secteur qui manque de dynamique fluviale, mais qui a tout de même un beau peuplement piscicole : aucun problème particulier n’a été relevé sur cette dernière. »
La création de deux nouveaux parcours de pêche à Yenne
« Deux nouveaux parcours de pêche sont en projets de création sur le fleuve, déclare Jean-Marc Giraud. Le premier serait un parcours labellisé « parcours passion » du seuil de Lucey jusqu’à la limite aval de la lône d’Etain. Le deuxième serait à hauteur du camping de Yenne et, en partenariat avec l’AAPPMA du Bas-Bugey (Ain), labellisé « parcours famille ». Pour ce dernier, des aménagements seront réalisés tels que la création d’un ponton et de son cheminement accessibles aux personnes à mobilité réduite. Il sera également envisagé un soutien du parcours à partir de truites arc-en-ciel trophées et/ou d’un alevinage de fond en truite arc-en-ciel « bouillouze ».
La Réserve Nationale Naturelle du Haut-Rhône Français
D’après Pascal Jacquemier, Président de l’AAPPMA de St-Genix-sur-Guiers, « le Vieux Rhône est gorgé de coins sauvages et grandioses ». La beauté de cette partie du fleuve a d’ailleurs donné lieu à la création d’une réserve nationale naturelle en 2013 : la Réserve Nationale Naturelle du Haut-Rhône Français.
« L’interdiction de circuler avec un véhicule à moteur au sein de ce secteur existe depuis plusieurs années, explique le Président. Des panneaux qui stipulaient que les pêcheurs avaient le droit de circuler étaient présents, mais n’avaient cependant aucune valeur juridique. Ils constituaient une tolérance vis-à-vis de la réglementation officielle, tolérance qui est remise en cause aujourd’hui. »
En effet depuis cette année, un garde patrouille régulièrement pour veiller à ce que la législation au sein de la réserve soit respectée, et de nouveaux panneaux d’interdiction de circulation y ont été posés.
« Cela a permis de faire diminuer le braconnage non seulement sur les poissons, mais aussi sur la faune globale », continue Pascal Jacquemier. « Les abandons de déchets sont en diminution car le garde veille et agit. Pour les pêcheurs en revanche, du fait de la restriction d’utilisation de véhicules au sein de la réserve, les accès aux berges sont plus difficiles. »
A l’initiative de la Fédération et de l’AAPPMA de St-Genix-sur-Guiers, les collectivités piscicoles savoyardes et iséroises détentrices du droit de pêche sur les lots du Domaine Public Fluvial concernés ont rencontré le Syndicat du Haut Rhône, gestionnaire de la Réserve Naturelle Nationale du Haut Rhône Français. L’objectif de cette réunion d’échanges était de faire valoir les difficultés rencontrées quant aux conditions d’accès aux berges du Rhône par les pêcheurs et notamment ceux à mobilités réduites, mais également de préciser les conditions de gestion piscicoles en lien avec le décret ministériel de création de la Réserve.
« S’il apparait aujourd’hui difficile de faire évoluer la réglementation quant aux conditions de circulation, l’aménagement et l’amélioration de l’accessibilité aux postes de pêche, ainsi que leur entretien régulier, constituent une alternative intéressante et acceptable pour le maintien de notre loisir dans le périmètre de la réserve », explique Manuel Vallat, directeur de la Fédération. « La mise en œuvre supplémentaire de rampe de mise à l’eau a été également abordée dans le sens d’une amélioration des accès au Rhône. Nous déposerons d’ici la fin d’année auprès du Comité consultatif une demande en ce sens.»
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Voici toutes les informations concernant la réserve et sa réglementation :
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